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Comment apprivoiser notre sentiment d'imposture (ou "syndrome de l'imposteur") ?

Dernière mise à jour : 26 juin 2021


Qu’est-ce que le syndrome d’imposture ?

A l’origine, ce « syndrome » a été identifié par les psychologues Pauline Rose-Clanse et Suzanne A. Imes comme le « phénomène d’imposture ». Elles l’ont identifié en 1978 auprès d’étudiantes, qui, malgré de bons résultats et la reconnaissance des autres étudiantes, ne pensaient pas mériter leur place à l’université. Elles expliquaient leurs excellents résultats scolaires comme étant de la chance et que les autres devaient tout simplement surestimer leurs compétences.


Depuis, ce phénomène d’imposture a été énormément relayé en tant que « syndrome de l’imposteur ». Pour le résumer, on peut l’identifier comme étant le sentiment d’un manque de légitimité, une peur d’être démasqué par les autres pour notre supposée incompétence ou encore une peur de ne pas être à la hauteur.



Apparition du syndrome d’imposture

Les autrices Elisabeth Cadoche & Anne de Montarlot ont identifié que ce sentiment touche en priorité les femmes, mais pas uniquement : en effet, 70% des femmes sont touchées par le syndrome au moins une fois dans leur vie, tout comme 56% des hommes. Elles notent également que la confiance en elle des femmes a tendance a augmenter au fil des ans, avec un pic à 60 ans, alors que celles des hommes a statistiquement tendance à baisser au fil du temps.


On retient généralement que le syndrome d’imposture résulte d’un double conditionnement :

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  • Le conditionnement personnel : notamment les injonctions héritées de notre éducation

  • Le conditionnement social : d’une part lié aux représentations de la place assignée à chacun(e) dans la société et d’autre part à la constante comparaison induite par la société de consommation qui nous amène sans cesse à nous trouver "moins bien " ou "pas assez…"

Celui-ci va en effet notamment s’exprimer dès lors qu’on sort de la norme par exemple lorsqu’on est hors de son milieu social, des normes de genre ou lorsqu’on est « le premier » ou « la seule ».


Ce double conditionnement a pour effet de générer chez chacun d’entre nous des croyances et des peurs :

  • Peur de l’échec (ou de ne pas pouvoir répéter un succès)

  • Peur de faire des erreurs

  • Peur des futures exigences des autres

  • Peur et culpabilité de réussite (pourquoi moi ?)

  • Peur d’être rejeté (si je réussis dans telle situation où je suis le/la premier(e), je « sors de la norme » et prend le risque de sortir de mon groupe social d’appartenance)

  • Vision binaire du monde induisant des représentations figées de la performance, l’intelligence (d’un côté les personnes compétentes ; de l’autre les imposteurs)


Le syndrome d’imposture dans la vie personnelle

Dans la vie personnelle, le syndrome d’imposture peut se manifester notamment dans les relations de couple ou d’amitié lorsque nous nous adressons des pensées telles que « je ne le/la mérite pas », « je ne suis pas assez bien pour lui/elle »… Il est à noter que ce dialogue interne dévalorisant peut dans certains cas, être créé ou amplifié par une relation toxique dans laquelle l’autre nous amène à douter, à entrer en comparaison avec d’autres femmes/hommes ou à nous dévaloriser.


Le phénomène d’imposture peut également se manifester lorsque nous n’osons pas affirmer nos opinions ou nos passions auprès d’autres personnes car nous ne nous sentons pas assez expert(e) : « oh je ne suis pas vraiment musicien(ne), je fais juste un peu de piano de temps en temps… »


Le syndrome d’imposture dans la vie professionnelle


Dans la vie professionnelle, le syndrome d’imposture touche en priorité les personnes dites perfectionnistes, ayant toujours l’impression de ne pas en faire assez.

Il va se manifester par une tendance à externaliser les réussites (donner une explication externe, donc minimiser sa responsabilité dans le succès) et à l’inverse à internaliser les échecs (penser que tout est de notre faute)…


Si j’ai tendance à penser que lorsque je décroche un poste après plusieurs entretiens c’est parce que "j’ai eu de la chance" ou "qu’il ne devait pas y avoir beaucoup d’autres candidats" et qu’au contraire lorsque je ne suis pas retenu(e) c’est "parce que le recruteur a vu que je n’avais pas toutes les compétences", je suis probablement touchée par ce phénomène de l’imposteur.


Un autre marqueur peut également être la tendance à se sous-évaluer, soit en comparaison de mes autres collègues, soit de manière générale, par exemple lors des entretiens annuels, lorsqu’il m’est très difficile de m’auto-évaluer en me donnant « tous les points ».


Si c’est votre cas, il peut être intéressant de vous interroger sur les raisons qui vous amènent à ce comportement (en reprenant la liste des peurs et croyances ci-dessus) : croyance que « ce n’est jamais parfait » ? ; peur de placer des exigences trop élevées pour la suite ? ; peur du rejet si votre manager ne vous donne pas la même note ?


Quelles sont les conséquences du syndrome de l’imposteur ?

Les conséquences du phénomène d’imposture peuvent être variées et peuvent dépendre du contexte. C’est un niveau de stress assez bas mais constant, ce qui peut à la longue conduire à une forme d’épuisement parce qu’on croit devoir jouer un rôle pour ne pas être « démasqué ».



Difficulté à s’affirmer

La première conséquence de ce sentiment d’imposture va être une difficulté à s’affirmer que l’on décrit souvent comme un « manque de confiance en soi ».

Cette difficulté à s’affirmer peut s’exprimer par une incapacité à prendre la parole en groupe ou dans une réunion pour exprimer une opinion ou proposer une idée car nous avons l’impression de ne pas tout maîtriser.


Des émotions désagréables

Nous pouvons par exemple ressentir un manque d’honnêteté, tant nous avons l’impression de tromper notre entourage puisque nous ressentons un décalage entre les qualités et compétences que les autres nous attribuent et ce que nous pensons de nous-mêmes.


Nous pouvons aussi faire peser sur nous une importante pression par peur d’être « démasqué » par notre entourage, rendant les relations avec les autres moins authentiques.



Un autre effet indésirable du sentiment d’imposture peut être l’incapacité à savourer et apprécier ses réussites, en se retrouvant dans un état de tristesse ou d’inquiétude, même en cas de réussite par peur constante de tout perdre.


L’auto-sabotage

Ce comportement va se traduire par la mise en place inconsciente de stratégies pour se faire échouer ; ce qui présente l’avantage pour notre cerveau de venir confirmer notre croyance d’être un(e) usurpateur(trice).


Très souvent, cette stratégie d’auto-sabotage peut être une explication pour une tendance à la procrastination qui peut nous emmener dans le « cercle vicieux de l’imposteur » :

1) Je suis anxieux(se) face à un évènement (par exemple un examen)

2) Comme je suis anxieux(se), j’ai des difficultés à m’y mettre et je procrastine jusqu’au moment où je suis obligée de m’y mettre et j’entre dans une phase de travail frénétique

3) Ce travail frénétique m’amène finalement à réussir

4) Toutefois, cette réussite ne m’enlève pas mon sentiment d’imposture car je l’explique par de la chance (d’être tombé sur le bon sujet par exemple) » ou « parce que j’ai beaucoup travaillé »

5) Finalement, je subis toujours mon syndrome d’imposture et risque de reproduire ce comportement la prochaine fois car il a prouvé son efficacité.


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Cet auto-sabotage peut également s’observer chez des personnes qui arrivent en retard à des examens ou des entretiens car elles n’ont pas pris suffisamment de marge sur le trajet





Dans la vie personnelle et notamment les relations amoureuses ou amicales, certains comportements d’auto-sabotage peuvent également se mettre en place. C’est le cas de la jalousie compulsive. Lorsque je suis convaincue que « je ne mérite pas cette personne », je vais avoir tendance à me comparer, à me dévaloriser et à devenir soupçonneux ou contrôlant par peur du rejet. Ces comportements pénibles peuvent conduire à une fin de relation, ce qui viendra confirmer ma croyance que je ne méritais pas cette personne (voire que je ne mérite personne !)


Pour tous ces exemples, le mécanisme est simple : j’ai la croyance que je ne mérite pas de réussir, je vais donc mettre inconsciemment tout en œuvre pour ne pas réussir et donc confirmer ma croyance.


Comment dépasser son syndrome d’imposteur ?

Tout comme les biais cognitifs, les croyances et les peurs, il est illusoire de vouloir s’en défaire du jour au lendemain. Néanmoins, quelques outils simples permettent de le vivre plus sereinement et de l’amoindrir peu à peu.


Bien se connaître pour l’apprivoiser

Un aspect aidant est de considérer ce syndrome d’imposture pour ce qu’il est, c’est-à-dire un sentiment, et non un fait et à l’accepter plutôt que le rejeter « j’ai le droit de me sentir un(e) imposteur ». On peut aussi identifier les situations précises dans lesquelles apparaît notre sentiment d’imposture pour travailler spécifiquement le manque de confiance lié à ce domaine.


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En effet, comme toute émotion désagréable, le sentiment d’imposture n’est pas systématiquement mauvais. Il peut aussi être un signal pour nous indiquer que nous nous engageons dans une voie qui ne nous correspond pas ou que nous créons un personnage car nous ne sommes pas alignés avec notre environnement.


Comme souvent, la prise de conscience de croyances et nos peurs est la première étape à réaliser pour dépasser nos limites et une introspection peut être réalisée par des questions très simples : Sur quoi se fondent les critiques que je m’inflige ? Ai-je réellement un manque de compétence ? Qu’en disent les autres ? Cet environnement correspond-il à mes valeurs ? Quelles peurs profondes m’amènent à douter de moi ?


S’entourer et partager ses émotions

Une autre solution pour vivre plus sereinement ce syndrome d’imposteur est de s’appuyer sur son entourage : en partageant nos ressentis, nous limitons la peur d’être démasqué par les autres, puisque nous acceptons de montrer notre vulnérabilité en nous démasquant nous-même.


De plus, si nous acceptons de lever le masque, nos amis, notre famille, nos collègues pourront nous épauler dans les moments de perte de confiance et nous apportant leur soutien et nous rappelant nos qualités.



Prendre de la hauteur

Enfin, une autre clé pour dépasser son syndrome d’imposture est la capacité à prendre du recul et à relativiser la gravité de l’échec, voire à considérer l’échec comme un apprentissage.


Pour prendre du recul, une méthode peut être en cas de crise de confiance, de réaliser une liste de toutes vos réussites afin de pouvoir mesurer tout ce que vous avez déjà accompli, objectivement. Vous pouvez également noter des compliments, vos qualités, vos points forts et les relire en cas de stress.


Avoir de la gratitude pour ce que vous êtes et ce que vous avez déjà accompli passe également par une plus grande capacité à vivre pleinement l’instant présent car le syndrome d’imposture se nourrit de l’angoisse supposée d’être démasqué dans le futur.


Enfin, pratiquez l’auto-compassion, l’indulgence avec vous-même. Une bonne manière de le faire est de penser à ce que dirait votre meilleur(e) ami(e). Il est en effet très probable qu’il (ou elle) ne vous dirait pas « tu es nul(le) » ! Une bonne manière de déconstruire les discours dévalorisants que l’on s’adresse…


Pour aller plus loin :

  • Ces phrases font-elles écho chez vous ?

  • Faites le test : à quel point êtes-vous touché par le sentiment d'imposture ?

  • Podcast : Emotions – Syndrome d’imposture : pourquoi nous hante-t-il ?

  • Lecture : Elisabeth Cadoche & Anne de Montarlot : Le syndrôme d’imposture

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